Haro sur les notes !

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Notre système scolaire s’appuie sur un mode d’évaluation des élèves, la note chiffrée, qui s’est construit avec le temps et qui remplit plusieurs fonctions. Par le contrôle des apprentissages, elles sanctionnent réussites et échecs des élèves, permettent le classement et déterminent l’orientation. Les notes sont un outil de communication commode envers les familles, à travers le bulletin scolaire notamment. Les notes jouent également un rôle social en certifiant un niveau scolaire atteint à travers les examens. Pourtant…

Pourtant, les travaux de docimologie ont montré depuis longtemps que la note est d’une objectivité illusoire concernant la performance des élèves. Les recherches ont permis d’identifier de nombreux biais de notation : ordre des copies, origine sociale et statut scolaire de l’élève, genre, voire apparence physique… qui se combinent aux effets classe, établissement, Pygmalion, de halo ou de contexte. Un des biais les plus connus, car médiatisé par l’action d’André Antibi, est la constante macabre, qui consiste en une répartition inconsciente des résultats des élèves selon une courbe de Gauss classant les élèves en trois groupes : les forts (peu nombreux), les moyens (la masse), les faibles (peu nombreux). Ces travaux bien connus invitent surtout les enseignants à objectiver le plus possible leurs objectifs et modes d’évaluation, afin de rendre l’évaluation plus juste. Pour d’autres chercheurs, comme Fabrizio Buttera, la note est aussi contre-productive, démotivante et discriminante. Aucune recherche selon lui n’a montré d’effets positifs de la note sur la question des apprentissages et de la motivation. Au contraire, la compétition scolaire induite par la note tend à développer chez nos élèves des comportements anti-sociaux.

Malgré ces constats accablants, la note chiffrée (et sur 20 points, héritage des Jésuites) reste encore une référence sociale et institutionnelle qui confine parfois au fétichisme. En 1969, l’expérience de Faure pour simplifier l’évaluation des élèves en utilisant uniquement cinq degrés de distinction (A, B, C, D, E) n’a pas été concluante. Le socle commun (2005) change-t-il la donne ?

Pour l’Inspection Générale, dans un rapport de septembre 2012 sur la mise en œuvre du LPC, « Entre l’« intégrisme » stérile d’une approche par « compétences » qui perd de vue le sens en multipliant « items » et « sous-items » et l’«intégrisme » de la moyenne de notes sur 20, il y a une place pour proposer une évaluation qui associe performances et compétences. » Quelque soit la formule retenue, la question de l’évaluation doit assurément être prise en compte dans une Refondation de l’école qui se préoccupe de justice sociale et d’équité.

A lire :

Fabrizio Butera, Céline Buchs, Céline Darnon (dir.), L’évaluation, une menace ?, Paris, PUF, coll. « Apprendre », 2011.

Pierre MerleLes notes. Secrets de fabrication, Paris, PUF , coll. « Éducation et société », 2007.

En ligne :

A quoi servent les notes ? Un article de synthèse par Pierre Merle, sur le site Sciences Humaines, où tous les biais de notation sont simplement expliqués. Un incontournable pour tout enseignant.

2 réponses à “Haro sur les notes !

  1. Peut-on m’expliquer la différence entre une notre sur 20 et un score de réussite exprime en pourcentage ? La note sur 20 est comprise par tous et le lien école / famille me semble fondamental.

  2. Il n’y a pas de différence entre les deux. Le pourcentage de réussite à des compétences ou des items de compétences, comme nous le propose désormais certains logiciels de gestion de notes, est un non-sens. L’évaluation doit prendre une forme qualitative, et pas uniquement quantitative. L’observation des élèves en situation permet souvent de situer l’élève dans ses apprentissages. Pour savoir si une compétence est maîtrisée, il faut convenir de degrés de maîtrise des compétences. Pour considérer qu’un élève maîtrise une compétence, on peut associer qualitatif (le degré) et quantitatif (la capacité à « reproduire »). Mais en faire une moyenne perd de son sens.
    Vous évoquez la nécessaire communication aux familles. Celle-ci peut se faire sur ces degrés de maîtrise des compétences (s’il n’y en a pas 100…) et sur les situations d’apprentissages (sur lesquelles rien n’est jamais dit).

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