Le collège de la rose blanche a ouvert ses portes en septembre 2015 à Paris, dans le 17ème arrondissement.
Le SE-Unsa est allé à la rencontre du chef d’établissement, Pascal Odin, pour comprendre comment un nouvel établissement pouvait être aménagé, et comment cet aménagement avait un impact non seulement pédagogique mais aussi sur le climat scolaire.
Comment s’est passé votre arrivée dans ce collège tout neuf ?
J’ai été nommé en février 2015 comme chef d’établissement préfigurateur du collège de la rose blanche, qui devait ouvrir en septembre. J’ai donc dû faire des choix d’aménagement pour la rentrée, même si je n’ai pas participé aux discussions sur la conception architecturale de l’établissement, assurée en lien avec la direction des affaires scolaires de la ville-département de Paris.
J’avais ainsi 300 000 euros pour équiper un bâtiment vide. Mobilier interne, externe, équipement numérique, tout devait tenir dans cette enveloppe. Notamment pour des ateliers SEGPA (horticulture, production industrielle) qui demandent des équipements particuliers et occupent 30 % de l’espace pédagogique. D’autres éléments (tables dans la cour) ont été financés avec le budget participatif de la ville de Paris.
Quand vous prenez en charge un établissement qui vient d’être construit, est-ce que tout est adapté pour accueillir des élèves ?
Globalement oui, mais les salles de classes (banalisées, ie. non spécialisées) sont petites (49 m²), on y met le nombre de tables nécessaire mais guère plus. L’exposition à la lumière a été bien pensée, les vitres sont omniprésentes. L’acoustique est bonne avec l’utilisation du bois et des matériaux techniques adaptés en nid d’abeille aux murs et plafond.
Mais l’insonorisation est moins bien assurée, on entend ce qui se passe dans les autres classes, ce qui peut être gênant pour les enseignants et les élèves. À Paris, la concurrence avec le privé est forte, alors dans un quartier mixte, tout doit être fait pour assurer la réussite de tous les élèves, ce qui passe par l’accueil des élèves dans les meilleures conditions possibles.
En quoi les choix qu’on fait en termes d’aménagement, dans le bâti scolaire, ont-ils un impact pédagogique ?
J’ai fait le choix de tables individuelles et modulaires pour faciliter le travail en îlots. J’ai aussi dès le début misé sur le numérique, avec l’installation du wifi (coût de 5 000 euros pour tout l’établissement) et de deux classes mobiles (un lot de tablettes qui coûte environ 12 000 euros pour une classe), et nous nous passons des manuels dans l’établissement.
Nous avons fait le choix d’acheter un nombre important de chauffeuses, on les trouve dans l’espace médiation, dans l’espace parents, en salle des profs, au CDI, elles permettent aux élèves et aux personnels d’être dans une autre posture (aucune n’a d’ailleurs été abîmée en 4 ans et demi !). Cette qualité de vie est importante pour la vie de l’établissement : nous avons d’ailleurs construit notre propre indicateur de « bien-être collégien » pour le collège (statistiques sur la vie scolaire, l’assiduité…). Avec la montée en charge progressive du collège, la configuration des locaux est sans cesse rebattue pour s’adapter aux besoins et envies.
Selon vous, avec le recul, qu’est-ce qui aurait pu être fait autrement dans la construction et l’aménagement des locaux ?
Certaines choses n’étaient pas bien pensées à l’origine : des toilettes élèves dans un couloir (problème de surveillance), des salles de sciences avec des paillasses sur les tables fixées au sol et en frontal qui rendent difficile l’accueil d’autres disciplines, l’installation de la salle de musique à côté de la direction, ou la largeur très réduite des couloirs et le manque d’insonorisation des cages d’escaliers.
La salle des professeurs était isolée, au 3ème étage, nous l’avons déplacée et rapprochée des pôles vie scolaire et médico-social, installé une salle des commensaux*, une salle de travail pour les professeurs séparée d’un espace de repos à vocation plus « lounge ». Au-delà du bâti, on peut utiliser le temps (organisation d’un atelier relaxation sur le temps de midi par exemple) et l’espace disponible : une ruche est construite sur le toit avec un atelier apiculture pour les élèves ! Le réfectoire est utilisé comme salle d’étude. Y sont servis tôt tous les matins de l’année des petits déjeuners aux élèves qui le souhaitent.
D’une manière générale, tout est sujet à réflexion pour assurer un fonctionnement rationnel et convivial de l’établissement quels que soient ses points durs en matière architecturale ou bâtimentaire.
*Lieu pour prendre les repas en commun