Film de Hakim Zouhani et Carine May (1h34) – Sortie le 28 septembre 2022.
Scénario : Carine May et Romain Compingt
Production : Barbara Letellier, Carole Scotta
Distribution : Haut et Court
Acteurs principaux : Rachida Brakni, Anaïde Rozam, Gilbert Melki, Disiz, Mourad Boudaoud, Raphaël Quenard, Sébastien Chassagne, Léonie Simaga.
Caroline et Stéphanie ont eu la chance de le voir en avant-première, voici leurs impressions :
En quelques mots, le pitch du film ?
Caroline : C’est l’histoire d’une école primaire de quartier « populaire » qui malgré le manque de tout essaie de garder un peu de mixité sociale. L’installation d’un éco-quartier et d’une nouvelle école flambant neuve menace ce fragile équilibre mais l’arrivée d’une nouvelle enseignante dans l’équipe va peut-être changer la donne.
Stéphanie : En effet, Marion va emmener sa classe dehors et entraîner la directrice, puis ses collègues dans l’aventure.
Une comédie de plus sur l’école ?
C : Oui c’est une comédie mais une comédie douce-amère qui préserve son sujet. Le scénario est assez convenu et se déroule sans accrocs. Les personnages principaux, pots de terre contre le pot de fer de la boboïsation des quartiers populaires sont attachants et on a envie de les voir gagner. On rit, parfois un peu jaune, lors des entretiens d’embauche des professeurs vacataires ou devant le défilé des familles dans le bureau de la directrice. Mais on s’attendrit aussi.
S : Je suis d’accord, j’ai été plus souvent émue que dans le rire, ça ne sombre pas dans la facilité ou dans la caricature grossière donc c’est tout à fait supportable… j’ai passé un très bon moment !
Une vision réaliste de l’école aujourd’hui ?
C : Il s’agit bien évidement d’une fiction mais on retrouve dans ce film un bon nombre de réalités de l’École d’aujourd’hui. Le manque de mixité sociale, évidement, mais aussi le manque de moyens, les recrutements rapides de contractuels, l’usure des équipes devant l’abandon des pouvoirs publics et les exigences légitime des familles. On y voit aussi l’enthousiasme de certains enseignants, leur abnégation et le développement de pédagogies différentes.
S : Plein de choses sonnent juste, on voit très bien que le fonctionnement de l’école, les enseignements et le bien-être des élèves reposent en grande partie sur un engagement humain et personnel très important de la directrice et des enseignants. Après, évidemment, certains événements et rebondissements de l’histoire feront bondir les connaisseurs de l’Éducation nationale par leur irréalisme, mais c’est le jeu.
C’est pas un peu manichéen comme propos ?
C : Curieusement, non. Parce que les personnages évoluent au cours du film et qu’il n’y pas d’un côté les bons et de l’autre les méchants. Chacun suit son parcours, fait ses choix qui sont parfois inattendus. Le film n’est jamais dans le jugement et c’est très bien.
S : J’ai notamment beaucoup apprécié la fin à ce sujet, je ne dévoilerai rien mais elle évite l’écueil du manichéisme facile justement.
Une morale à ce film ?
C : En sortant de cette projection, je me suis interrogée sur ce que le film dit de l’évolution de l’École publique. L’argument de la directrice pour attirer les élèves « ici on fait comme dans le privé mais c’est gratuit » me semble révélateur d’une triste réalité. L’École publique ne devrait pas se mettre à la remorque des pratiques à la mode pour attirer les classes moyennes ou aisées, mais proposer pour tous, y compris pour les populations les plus fragiles, les plus abandonnées, une école qui donne envie d’apprendre.
S : Oui, quand on veut vraiment, qu’on y met tout son cœur et son talent… eh, bien, ça ne suffit pas forcément à tout arranger mais on peut essayer de continuer à y travailler quand même !
Donnez nous envie d’aller voir La cour des miracles !
C : Pour le sourire de Rachida Brakni ? Pour l’élégance de Disiz ? Parce qu’on sort de ce film en se disant que tout est possible ?
S : On passe un bon moment, on peut y aller en famille, on n’en ressort pas désespéré…