Enseigner en UPE2A, une expérience enrichissante

Isabelle est enseignante en UPE2A depuis 2016. Avant cette affectation, elle avait enseigné du CP au CM1. Son arrivée en UPE2A a été le fruit d’un concours de circonstances. Elle est très heureuse de cette transition, trouvant dans ce poste une profonde satisfaction. Ayant un intérêt particulier pour l’accompagnement individuel des élèves ainsi que pour les langues, elle trouve que son rôle actuel lui permet d’explorer pleinement ces deux domaines.

Isabelle est en poste dans deux écoles strasbourgeoises. Elle souligne plusieurs points clés de sa mission de coordinatrice d’UPE2A. Lors de l’arrivée des élèves, elle veille, lorsque cela est possible, à assister à l’inscription pour rencontrer l’élève et ses parents, ce qui lui permet de recueillir des informations précieuses pour la suite. Les élèves sont généralement inscrits dans leur classe d’âge et y passent une semaine pour observer les routines scolaires, découvrir le déroulement d’une journée de classe en France, et prendre leurs repères avec l’enseignant et les autres élèves, même s’ils ne maîtrisent pas encore la langue.

Après cette première semaine, Isabelle rencontre individuellement chaque enfant pour mieux les connaître et les rassurer. Elle leur fait passer des tests de positionnement, ce qui l’aide à ajuster leur inscription en classe d’inclusion et à créer des groupes de besoins, selon les compétences (niveau de lecture en langue d’origine, niveau de mathématiques, compétences en français). Ces tests lui permettent également de faire un retour aux enseignants des classes de référence des élèves.

Les élèves en UPE2A bénéficient normalement d’un an dans ce programme, mais Isabelle juge cette durée souvent insuffisante. Pour certains, une deuxième année est proposée. Elle n’enseigne pas tout à fait le français langue étrangère, mais le français langue de scolarisation (FLSco), intégrant les objectifs du socle de compétences des programmes nationaux de l’Education Nationale.  

Isabelle planifie les emplois du temps. Elle veille à ne pas retirer les élèves de certains cours (EPS, arts plastiques, chant…). Les emplois du temps sont modifiés à chaque période pour ajuster les groupes en fonction des changements d’emploi du temps dans les classes ordinaires (créneaux de piscine, de patinoire, d’escalade…), mais aussi en fonction des départs et des arrivées des élèves, et de l’évolution scolaire de ces derniers.

Elle entretient un rapport privilégié avec les parents, les accompagnant tout au long du parcours scolaire de leurs enfants, ainsi qu’avec la direction pour les inscriptions. Elle rencontre régulièrement tous ses collègues pour coordonner les emplois du temps et réfléchir ensemble au suivi des élèves : poursuite ou arrêt du suivi en UPE2A, rédaction de PPRE, maintien en fin d’année, rédaction de GEVASCO, orientation en ULIS ou en SEGPA, rédaction d’IP…

Elle prend des rendez-vous avec ses collègues pour les aider à intégrer ces élèves dans leurs classes. Par exemple, elle prépare à l’avance des poésies ou des chants travaillés en classe avec des supports visuels spécifiques pour que les élèves connaissent déjà le lexique. Elle propose à ses collègues de désigner des tuteurs performants pour aider les nouveaux arrivants à créer des liens dans la classe et à progresser dans l’apprentissage de la langue, avec l’aide de matériel ou de supports visuels préparés par elle-même

L’accueil de certains élèves est parfois difficile, en raison de leur réticence à accepter leur installation en France.  Dans ces cas, Isabelle rencontre les parents pour leur demander de préciser leur projet, rester ou partir, et elle insiste pour que les enfants soient informés de ce projet afin qu’ils puissent s’investir pleinement dans l’apprentissage du français. Elle souligne l’importance d’une prise en charge, difficile mais indispensable, des élèves non scolarisés auparavant, les intégrant avec l’aide d’autres élèves pour qu’ils ne se sentent pas isolés.

Isabelle trouve gratifiant de travailler en UPE2A, car elle a la liberté d’ajuster sa pratique pédagogique aux besoins des élèves et peut observer leurs progrès de manière tangible. Souvent, pendant une période plus ou moins longue, elle est le seul référent adulte avec lequel l’élève communique, renforçant ainsi le lien éducatif et affectif.