Contribution de l’Unsa-éducation concernant “une grande ambition pour le numérique”

On entend s’exprimer beaucoup de peurs, la diabolisation du numérique est omniprésente notamment dans les médias traditionnels, or, comme cela a été rappelé lors du colloque international sur le cyberharcèlement, la meilleure prévention des dangers et des dérives est d’entrer par les usages positifs.

Le numérique doit s’intégrer à l’école en s’ajoutant à la palette des outils à la disposition des enseignants. Pour cela les futurs enseignants doivent absolument être formés avec le numérique, pas seulement “au numérique”. Sinon comment leur demander d’intégrer en classe des outils qu’ils n’ont pas eux-mêmes expérimentés dans un cadre d’apprentissage ?

L’école doit prendre sa part dans l’éducation au numérique des élèves, on ne peut laisser les parents seuls face à ce défi surtout que l’on sait qu’il y a un écart à combler, davantage en termes d’usages aujourd’hui, qu’en termes d’équipement. Nos élèves doivent être formés à un usage maîtrisé et critique de ces outils et à l’acte de publication qui devient un impératif pour tous. Si la plupart des enfants et des jeunes savent faire du numérique un usage ludique, c’est à l’école de leur montrer comment utiliser ces outils pour apprendre, pour collaborer et pour contribuer au partage des connaissances. Une articulation avec les EPN (Espaces Publics Numériques) doit être favorisée afin qu’enseignants, élèves et parents puissent bénéficier de leur savoir-faire.

Pour cela il faut un pilotage fort et volontariste qui s’appuie sur ce qui est déjà entamé par de nombreux enseignants qui échangent en ligne, réfléchissent et expérimentent largement dans leurs classes. Il faut absolument reconnaître leur travail et leur investissement et cesser de leur mettre des bâtons dans les roues ! C’est à partir d’eux que de nombreux autres collègues pourront être convaincus de s’y mettre. Cela avec en parallèle une formation initiale et continue axée sur les usages pédagogiques et la culture numérique, davantage que sur les aspects techniques (sans les négliger).

Le rôle de l’enseignant change, à l’ère du numérique il n’est plus le seul détenteur du savoir, il devient un médiateur pédagogique. Ce changement de posture n’est pas facile, inquiète, génère des peurs et des résistances, les enseignants doivent être accompagnés dans cette mutation.

Concernant l’équipement il est essentiel de consulter les équipes, un même matériel standardisé pour tous sans prise en compte des projets et des besoins mène à du gaspillage. Par ailleurs, une clarification des compétences entre l’État et les collectivités locales concernant l’équipement et la maintenance est urgente.

Il convient de se poser sérieusement la question de cesser d’interdire ou de lever les freins concernant l’utilisation par les élèves de leur matériel personnel dans le cadre scolaire (téléphones, ordinateurs portables, tablettes…). En effet les élèves connaissent leur matériel et cela permettrait de se concentrer sur un équipement moins massif des établissements qui viendrait en complément. Bien entendu la question de l’équipement, de la maintenance et de l’accès au réseau sont des points tout à fait essentiels.
Concernant les ENT (Espaces Numériques de Travail), qui peuvent aussi être remplacés par des réseaux ou des portails numériques, leur développement doit être au service de la communication entre élèves, professeurs et familles, un appui et une ressource pour favoriser les apprentissages et accompagner le travail personnel et collectif. Ils ne doivent en aucun cas restreindre les possibilités offertes par le numérique mais plutôt les faciliter ou les compléter.

Enfin, il faut en finir avec le filtrage du réseau dans les établissements qui gêne voire empêche les enseignants de travailler avec les élèves sans le moins du monde protéger ces derniers qui ont de toutes façons accès au réseau librement via leurs smartphones. On est là dans une grande hypocrisie, c’est la confrontation au réseau sans filtrage avec des enseignants formés et vigilants qui permettra de vraiment éduquer les élèves en situation. Voir à ce propos notre dossier “Éduquer au Web2”

Il convient par ailleurs de ne pas céder à la fascination pour les outils (cahier de textes numérique, livret scolaire numérique, LPC, logiciels de gestion de type Pronotes…)
ces nouveaux outils doivent être interrogés, être mis au service d’un suivi des élèves qui reste humanisé et personnalisable en se gardant de tout formatage et simplifications réductrices. Ces outils ne doivent en aucun cas servir au “flicage” ou au fichage, l’utilisation qui en est faite doit toujours être transparente pour éviter les peurs irrationnelles. Il convient de plus, chaque fois que cela est possible, de favoriser les solutions libres et les formats ouverts.

Les outils nomades et le développement des contacts professionnels en ligne rendent encore plus nécessaires la prise en compte dans les missions et le temps de travail des personnels éducatifs la dimension relationnelle. Ces outils doivent favoriser les relations, faciliter l’accompagnement personnalisé des élèves et apporter de la souplesse dans la gestion du temps professionnel sans pour autant envahir la sphère privée. Ces aspects doivent être abordés dans la formation initiale et continue.

N’hésitez pas à visiter le site de la Refondation et à donner aussi votre avis individuellement ici.

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