Collège unique : les temps changent… et c'est tant mieux !

Les temps ont changé. Le principe d’un collège unique, lieu commun de scolarisation à  toute une classe d’âge, ne connaît plus d’adversaires sérieux. Il faut dire que les évaluations internationales, PISA en tête, sont passées par là et qu’il est devenu impossible de défendre, au nom du « niveau »,  une organisation de la scolarité obligatoire en filières ou en établissements différents. Les rapports récents, consacrés en totalité ou partiellement au collège, intègre le collège unique comme un acquis irréversible et, du « rapport Grosperrin » à celui de la Cour des Comptes, tous s’accordent sur la nécessité d’approfondir la logique du collège unique pour améliorer la réussite des élèves. Loin de considérer que certains élèves n’ont pas leur place au collège, ils soulignent combien le collège n’a pas été pensé pour eux. De ce constat, les auteurs de ces études tirent la même conclusion que le SE-UNSA: c’est en bâtissant un véritable collège unique, dans la continuité de l’école, que l’on améliorera son efficacité.

5 réponses à “Collège unique : les temps changent… et c'est tant mieux !

  1. Si on adapte le collège aux élèves, alors oui il sera unique mais avec x filières et options suivant les attentes et désirs et niveaux des élèves ! On finit par être d’accord mais n’est ce pas se cacher la réalité ???

  2. Vous avez raison de pointer cette difficulté majeure : comment concevoir une offre de formation « adaptée » à la diversité des élèves accueillis au collège. Depuis 30 ans, le système et ses acteurs ont tenté de la résoudre en diversifiant l’offre, qu’il s’agisse de venir en aide aux élèves en difficulté, ou de répondre aux désirs des familles des « bons élèves » en proposant des classes de niveaux déguisées (CHAM et CHAD, classes européennes, bilangues etc.). Dans cette affaire, le problème des structures et de l’organisation pèsent énormément. Tant que l’on ne sera pas capable de déconnecter la structure classe pérenne (qui permet et induit l’entre-soi) de l’offre de formation, on continuera à tourner en rond et à créer des unités de « soin palliatif » pour les abîmés de l’école. Par ailleurs, « adapter le collège aux élèves » ne signifie pas renoncer à toute exigence ni le concevoir comme devant répondre aux attentes et désirs des élèves. Il s’agit plutôt, dans notre esprit, « d’inverser la charge de la preuve »… Aujourd’hui, via nos programmes et nos évaluations (tournés vers la préparation du lycée général), nous mesurons l’écart qui sépare nos élèves de ce référentiel. En fonction de cet écart, nous les déclarons en échec, en difficultés profondes ou légères, ou simplement cossards ! Adapter le collège aux élèves, ce pourrait être, grâce à une approche renouvelée de l’évaluation, mettre au cœur de son fonctionnement le travail des élèves, la mesure de leurs acquis et de leurs progrès. C’est sûr, une fois que l’on a dit cela, on n’a pas défini les modalités d’organisation qui permettraient d’être plus près des besoins des élèves tout en évitant la cristallisation en groupes de niveaux… Mais c’est bien ce à quoi nous devons réfléchir ! A bientôt, et merci pour votre contribution au débat.

  3. Bonjour, j’enseigne depuis bien longtemps et, actuellement, dans le Tarn et Garonne après un DOM et un autre pays.
    Vos articles suscitent mon intérêt et ma surprise. Le souci d’équité que préconise L’éducation nationale est obsolète. En effet, pourquoi mélanger les élèves bilangues à d’autres quand personne n’y trouve son compte et pourquoi mettre des élèves en grande difficulté avec des élèves bilangues? Je ne vois là rien de démocratique…excusez -moi d’être basique mais les grands discours sont asphyxiants. j’ai dans mes classes de français tout un lot d’élèves qui maitrisent mal le français que j’enseigne au vu des programmes que je dois suivre et ces élèves peinent sans pour autant que je puisse dire qu’ils sont « paresseux »…
    Il conviendrait, je crois, de séparer un français littéraire et difficile d’accès d’avec un français plus pragmatique qui n’a pour but de « rabaisser » son public mais de le rendre actif sur une problématique concrète et simple.
    Ce qu’on fait de l’enseignement public me navre et je ne parle pas en aucun cas des enseignants qui, la plupart du temps, donnent beaucoup et sont comme moi, perplexes.
    Ma fille avait de grosses difficultés scolaire. Elle a été traitée de « paresseuse », « lente », « peu motivée ». On m’a même dit l’an dernier « qu’elle n’avait pas sa place dans le groupe classe ». Elle est cette année dans un institut privé aux tarifs modiques où on exige d’elle des choses simples en lui laissant entendre qu’on exigera plus d’elle ensuite. Je vois là, avec une certaine inquiétude, que là où le public bute, ce privé-là semble réussir..
    Matière à réflexion…

  4. Je ne suis pas d’accord avec le débat tel qu’il est posé. Il est faux de dire que le collège unique ne connaît pas d’adversaires, je suis enseignant et j’en connais trois mes collègues qui arrivent souvent à me convaincre de l’échec du collège unique et de sa nécessaire remise en cause (surtout pas avec le socle commun), les élèves qui passé la 5ème ne veulent plus étudier au collège et souhaitent entrer dans la vie active, enfin il y a les parents qui ne comprennent pas pourquoi on insiste tant à vouloir donner un enseignement à leur enfant qu’il soit fait de savoirs ou de compétences juqu’en 3ème alors que celui ci sait qu’il veut-être mécanicien, maçon, cuisinier, etc…
    Après quand je lis les différentes interventions du blog, je dois constater que les intervenants sont très largement des militants ayant déjà eu l’occasion de publier leur opinion en faveur du collège unique.
    Moi qui ne suis qu’un simple prof., j’ai simplement à dire : le collège unique oui, mais il faut une sortie honorable pour ceux qui ne veulent pas y rester ou entrer, sinon ceux là on tout loisir de détruire les cours du professeur et lui répéter à longueur de temps si je viens c’est uniquement pour que mes parents touchent les alloc. (Une phrase qu’ils ont certainement entendu à la maison)

  5. Enseignant dans l’enseignement privé sous contrat et responsable de l’orientation en fin de collège, je suis ravi de constater qu’il existe des personnes soucieuses de dépasser le clivage privé-public, que le gouvernement souhaite renforcer avec des mesures confortant le secrétariat de l’enseignement catholique, toujours, prompt à accepter et à appliquer les réformes les plus incohérentes imposées dans un sens qui n’est, évidemment, pas celui de la réussite des élèves.
    Ainsi, dans le collège où j’enseigne, nous avons ouvert, il y a trois ans, une classe de troisième DP6 pour apporter des réponses concrètes aux difficultés rencontrées par certains enfants, dont le niveau des apprentissages était inquiétant. Et, nous avons réussi, sans prétentions aucunes, au delà de nos espérances (obtention du DNB, orientation constuite autour du projet de l’élève, maîtrise des fondamentaux…). Pourtant, Ô surprise, cette classe va disparaître à la rentrée 2011 sur décision du Recteur. Sur cette question, il est indispensable de rappeler que le privé n’est pas cet ilôt de béatitude privilégiée, comme tendent à le faire accroire certains, car nous connaissons les mêmes dérives ; mais, peut-être, essayons-nous lorsque cela est possible – ici tout est une question de personnes – de ne pas nous borner à inclure tous les élèves dans le moule du collège unique, inadapté à leur profil, mais de les regrouper sans dogmatisme dans des classes où nous pouvons les faire progresser en semble. Ce choix ne résulte pas d’une volonté politique, il est le reflet de ce que devrait être l’Education nationale d’autant plus lorsque celle-ci est volontairement déstructurée pour de médiocres raisons budgétaires. En oeuvrant conjointement à tous les niveaux pour sortir le système de l’ornière où on l’enferme, tous les espoirs sont permis.

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