Avons-nous peur d’enseigner ?

Loin d’être réservée aux professeurs débutants, “la peur d’enseigner est un sentiment normal” estime Serge Boimare. En plaçant le projecteur du côté de la difficulté du professeur et non plus seulement de l’élève, le psychopédagogue ouvre “de nouvelles portes pour concevoir une pédagogie qui ose affronter les problèmes que nous posent les élèves d’aujourd’hui”.

L’ouvrage se décompose en deux grandes parties :
1. Reconnaître le rôle néfaste de la peur d’enseigner dans la transmission des savoirs
2. Trois changements pédagogiques majeurs

Ce livre prend appui et prolonge la réflexion engagée sur “l’enfant et la peur d’apprendre” (2000) et sur “ces enfants empêchés de penser” (2008). Pour Serge Boimare, la solution passe par un “nourissage culturel” intense à l’aune des textes fondamentaux de notre civilisation : contes de Grimm, mythes gréco-romains… Le chapitre le plus important du livre développe, sur une cinquantaine de pages, une proposition simple en apparence à mettre en oeuvre dans nos classes : une heure de culture humaniste journalière.
L’auteur s’appuie sur ses expériences professionnelles, y compris en tant que professeur, et sur ses souvenirs d’élèves, pour décortiquer les effets de pédagogies trop sélectives (comme son maître de CM2) et pour rappeler le rôle fondamental mais sous-estimé du travail d’équipe pour surmonter les difficultés à enseigner.
Cette réflexion ne convoque aucune nostalgie. S’interrogeant même sur le conformisme scolaire, conforté par les directives officielles, Serge Boimare se demande si les freins aux changements ne viendraient pas des enseignants eux-mêmes. Il appelle surtout ces enseignants à se saisir de leur liberté pédagogique en s’appuyant sur les recommandations du socle commun.
Surtout, à une heure où il est indispensable de repenser les contenus et matrices de formation professionnelle, Serge Boimare livre un discours et des méthodes pédagogiques au service de le gestion de l’hétérogénéité, se méfiant de “pédagogies” qui isolent et médicalisent la difficulté, et réaffirme le principe d’éducabilité de tous les enfants.
Enfin, la pensée de Serge Boimare concourt à donner du sens à l’acte d’enseigner, tout autant qu’à légitimer l’institution scolaire dans l’idée de construire une culture partagée, sans exclure, avec pour finalité l’épanouissement de tous les élèves… et de leurs professeurs.

Verbatim

  • L’ennui et la ségrégation que cultivent certaines écoles pour en arriver à la “pédagogie d’excellence” sont sans doute l’effet le plus nocif et le plus pervers de la peur d’apprendre.
  • La cause majeure de la peur d’enseigner est de ne pas savoir faire la différence entre les deux causes principales de la difficulté à apprendre : l’insuffisance des bases d’une part et l’empêchement de pense d’autre part.
  • Communiquer, collaborer, réfléchir, créer sont les quatre compétences majeures que devrait travailler l’école pour améliorer le niveau général de tous ses élèves.
  • Et si les propositions contenues dans le socle annonçaient la révolution pédagogique que nous sommes nombreux à attendre ?

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