Esprit critique, esprit scientifique : les énergies et la validité de l’information

Quand Méryl Laurent, professeure documentaliste et sa collègue de sciences physiques et chimiques mènent un travail conjoint sur la vérification d’informations scientifiques en exerçant l’esprit critique des collégiens… cela donne un travail intéressant et inspirant. La fiche de la séquence est disponible ici.
Méryl a accepté de répondre à nos questions : 

Qu’est-ce qui vous a donné l’idée de croiser la physique avec l’éducation à l’esprit critique ?

Avec Sandrine Mano, ma collègue de sciences physiques et chimiques nous avions déjà élaborés plusieurs projets ensemble durant cette année scolaire sur le thème « esprit critique, esprit scientifique ». En effet ma collègue, participant également à des formations à l’Espé, est très au courant des missions des professeurs documentalistes, notamment en termes d’éducation aux médias et à l’information (EMI). Nous nous sommes donc naturellement penchés sur l’idée de séquences pédagogiques en coanimation, mêlant à la fois sciences et EMI.

Pouvez-vous nous décrire les objectifs et la mise en œuvre concrète de ce travail ?

Il s’agit d’une séance d’1h30 nommée « Esprit critique, esprit scientifique : les énergies et la validité de l’information ». Cette séance a été menée avec une classe de quatrième et avait pour objectif de comparer la qualité de différentes informations sur le sujet des énergies et donc, d’exercer son esprit critique.

La séance commence par une explicitation claire du déroulé de la séance, des objectifs, de l’activité et de l’évaluation (10 min), puis les élèves répartis en groupes effectuent l’activité (35 min) : chaque groupe est équipé d’une tablette connectée en wifi à internet, d’un jeu de cartes que nous avons créé (côté face un type d’information, exemple : « info presse » / côté pile : un QRcode à flasher grâce aux tablettes), et d’une échelle de validité de l’information (échelle ouverte allant de « fausse information / fake news » à « information valide / vérifiée »). Les élèves doivent lire les cartes, flasher les QR codes pour accéder et analyser les articles en ligne, puis décider ensemble de la place de l’information sur l’échelle.

Une mise en commun (30 min) est ensuite effectuée, chaque groupe explique le placement des cartes sur l’échelle. Une échelle est projetée au tableau et les différents placements des groupes y sont notés. Lors de cette restitution les élèves doivent mentionner quels critères ils ont utilisé pour placer les différents types d’infos. Ces critères sont énumérés et notés au tableau, les élèves les reportent sur un document récapitulatif qui sert de trace écrite à conserver dans leur classeur de sciences.

Enfin, la séance se termine par un bilan (10 min), avec 2 questions ouvertes aux élèves :
– Qu’avez vous retenu ?
– Quelles ont été les difficultés rencontrées ?

Comment avez-vous choisi les différents supports ?

Les articles auxquels les cartes renvoient ont été choisis en concertation avec ma collègue de sciences. En effet deux éléments ont guidés nos choix : il nous fallait des types d’informations variés (presse, réseaux sociaux, publicité, etc), et des contenus qui répondent au thème du programme « l’énergie et ses conversions ». Nous avons choisis au total six types d’informations différentes sur des énergies également différentes (mécanique, nucléaire, hydraulique, etc).

Comment les élèves ont-ils réagi à ce travail inhabituel ?

Les élèves ont été très réactifs. Les outils numériques, tablettes et utilisation de QRcodes ont participé à la motivation de l’activité, tout comme l’émulation créé par le travail en groupes. Par ailleurs nous avons créé les groupes en fonction des niveaux de chacun afin que les élèves puissent s’entre-aider. Cette séquence nécessiterait probablement une séance supplémentaire afin de faire un point sur les différents types d’information et les contenus.

Que pensez-vous que cela a apporté aux élèves ? Avez-vous pu constater concrètement des nouveaux acquis, si oui lesquels ?

Durant l’activité les élèves ce sont posés beaucoup de questions. Le fait d’appréhender l’information en la remettant en question, à partir de critères précis et objectif, nous a semblé un bon point de départ pour commencer à former son esprit critique. A la fin de la séance les élèves connaissaient clairement les critères de validité d’une information (auteur, date, croisement des sources, etc). Cependant, dans l’idée d’une progression de l’acquisition de compétences chez les élèves, une seule séance est insuffisante. C’est pourquoi le document récapitulatif sera réutilisé l’année scolaire prochaine par ma collègue de sciences afin de traiter d’autres sujets, toujours en travaillant sur la validité de l’information.

Dans l’idéal, cette idée de progression dans l’acquisition des connaissances, des compétences, mais aussi des savoir-être devraient pouvoir être suivie dès la scolarisation des élèves, avec des outils en ligne tel que FOLIOS par exemple.

Meryl Laurent, professeure documentaliste

Documents utilisés pour la séquence :
Quels critères pour valider l’informations ?
Cartes avec QRcodes pour accéder aux documents

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