Collège : enfin, on va arrêter de marcher sur la tête !

Tribune de Claire Krepper, secrétaire nationale du SE-Unsa

photo claire 007Aujourd’hui, le collège français ne garantit pas  l’acquisition des connaissances de base à tous les élèves qui le fréquentent. Après quatre ans de collège, ils sont 25% à ne pas maîtriser les compétences les plus simples en français alors qu’ils sont 12% dans ce cas à la fin du CM2. En mathématiques, on passe de 9% d’élèves ne maîtrisant pas les bases en CM2 à 13% en troisième.

Parce que le collège français creuse toujours plus les écarts entre les plus fragiles et les meilleurs, il est urgent de réorienter l’action publique et l’argent public en faveur de ceux qui en ont le plus besoin. Il ne s’agit pas simplement d’une mesure de justice. C’est aussi l’intérêt de tous : les évaluations internationales ont largement démontré que la progression des résultats des élèves les plus faibles profite  également aux plus forts. Sans parler des gains pour la société française dans son ensemble si notre école parvient à faire acquérir à tous ses enfants le socle indispensable à leur insertion sociale, professionnelle et citoyenne.

Il est urgent de réorienter l’action publique et l’argent public en faveur de ceux qui en ont le plus besoin.

Le gouvernement s’est attelé à cette tâche de différentes manières. Il s’est engagé depuis 2012 dans un rééquilibrage des moyens attribués aux académies et aux départements en fonction des difficultés économiques, sociales et scolaires qu’ils rencontrent. Il a lancé un vaste programme de refondation de l’éducation prioritaire auquel il consacre des moyens importants. Il travaille également au dossier de la sectorisation scolaire en tentant de mobiliser les collectivités territoriales concernées. Il a mis l’accent dès 2012 sur la « priorité au primaire » et ouvre maintenant le chantier du collège.

L’organisation actuelle du collège avec ses options facultatives est injuste socialement et inefficace pédagogiquement. Un élève qui est scolarisé en classe bilangue dès la sixième, étudie le latin dès la cinquième, suit l’option européenne à partir de la quatrième reçoit 18 heures de plus d’enseignement hebdomadaire dans sa scolarité qu’un élève qui ne suit aucun de ces enseignements facultatifs.  Cela représente plus d’une demi-année de collège en plus. Pour un pays qui se targue d’ « égalité républicaine », cherchez l’erreur ! On rétorquera que cette possibilité est offerte à tous sans discrimination. Cependant, les statistiques le montrent sans aucune ambigüité : ce sont massivement les enfants des classes les plus favorisées socialement et les meilleurs scolairement qui profitent de ces heures en plus. Pourquoi ? Parce que pour choisir une classe bilangue en sixième ou une option européenne, il faut que la famille soit convaincue que le surcroît de travail sera une chance et non un obstacle à la réussite de leur enfant. Parce que pour choisir le latin, il faut que la famille soit convaincue que cet enseignement sera utile à leur enfant, et que, pour penser cela, il faut pouvoir projeter son enfant dans des études longues, et qu’il faut être certain de son propre avenir et de sa capacité à assumer financièrement une telle ambition. Pas franchement le cas des familles de milieu populaire.

Mais parlons maintenant des moyens consacrés à aider les plus fragiles dans le collège actuel : deux heures d’aide au travail personnel en sixième qui concernent toutefois tous les élèves, deux heures d’itinéraires de découverte en cinquième et quatrième souvent recyclées dans des dispositifs d’aide. Voilà, le compte est vite fait. Comment s’étonner alors du creusement des écarts constaté ? N’avons-nous pas jusqu’à maintenant marché sur la tête en consacrant autant de moyens pour les meilleurs et si peu pour les plus faibles ? Peut-on vraiment défendre le statu quo comme le font de nombreuses organisations et associations disciplinaires ?

N’avons-nous pas jusqu’à maintenant marché sur la tête en consacrant autant de moyens pour les meilleurs et si peu pour les plus faibles ?

Pardon, la plupart des organisations ne défendent pas le statu quo, elles demandent qu’on améliore le collège en lui donnant davantage de moyens ou que tous les élèves suivent les enseignements actuellement suivis par les 20% qui ont une option facultative. Ainsi le SNES-FSU a lancé une pétition qui nécessite au bas mot le recrutement de 100 000 enseignants de collège pour en satisfaire les revendications. Et pour assurer un enseignement du latin à tous les élèves avec l’horaire actuel, il faudrait recruter au moins 12000 enseignants de lettres classiques. On voit l’absurdité de telles propositions : alors que le ministère peine à recruter, faute de viviers de candidats, les 60000 enseignants promis sur cinq ans, où irions-nous chercher les 100000 que demande le SNES ? Quant aux enseignants de lettres classiques, impossible de les recruter car les étudiants existants n’y suffiraient pas.

Sortons du déni de réalité ou de la démagogie  et regardons la situation telle qu’elle est. Oui, le budget est contraint ; oui, les recrutements sont limités. Et c’est dans ce contexte qu’il faut construire un collège plus juste et plus efficace. Et malgré ce contexte défavorable, la réforme n’a pas pour objectif de faire des économies comme certains le prétendent. Elle redistribue les moyens consacrés à quelques-uns au bénéfice de tous les élèves et les abondent en créant 4000 ETP supplémentaires sur deux ans dans les collèges.

La réforme réduit les enseignements optionnels et augmente de manière importante les moyens complémentaires au service de tous et donc des plus fragiles. L’option facultative latin (8 heures) devient un enseignement de complément (5 heures) pour les élèves volontaires financé sur l’autonomie des collèges. Cet enseignement complète l’enseignement pratique interdisciplinaire « Langues et culture de l’antiquité » qui pourra être suivi par de très nombreux élèves, et même TOUS les élèves d’un collège. Cet EPI est une chance de faire partager la culture de l’antiquité au plus grand nombre. L’option européenne (4 heures) se transforme en EPI « culture et langues étrangères » pour TOUS. Les langues vivantes sont par ailleurs invitées à participer à d’autres EPI. Quant aux sixièmes « bilangue », elles seront maintenues partout où les élèves auront appris une autre langue vivante que l’anglais à l’école primaire. Tous les autres attendront la cinquième pour débuter la LV2 qui passe de 6 heures à 7 heures et demi sur la durée du collège.

Sortons du déni de réalité ou de la démagogie et regardons la situation telle qu’elle est.

En contrepoint, les moyens pour travailler en petits groupes sont multipliés par 6. Ainsi un collège moyen qui disposait de 8 heures recevra maintenant 48 heures pour organiser ces groupes ou co-animer certains enseignements. L’accompagnement personnalisé passe de 2 à 3 heures en sixième. De plus, cet accompagnement est institué de la cinquième à la troisième à raison de une à deux heures par semaine selon le choix des équipes. Enfin, les EPI offrent aux élèves l’occasion d’acquérir des connaissances et des compétences des programmes à travers des projets débouchant sur des productions concrètes, un bon moyen de motiver et d’aider les élèves qui adhèrent moins aux démarches classiques, à entrer dans les apprentissages. En conclusion, on peut dire que, du point de vue de TOUS les élèves, cette réforme n’est pas marquée par la régression, tout au contraire.

Comme syndicat représentant les enseignants et les personnels d’éducation, nous ne pouvons nous arrêter là et nous déclarer satisfaits. Cette réforme doit être soutenue et portée par des enseignants rassurés et confortés dans leurs missions et leur expertise. C’est l’exigence que nous avons portée dans toutes les discussions que nous avons eues avec le ministère. Et nous avons obtenu satisfaction. Les horaires des disciplines du tronc commun sont maintenus à l’identique, voire renforcés (en LV2). Les dotations de base aux collèges seront supérieures aux actuelles dotations (un demi-poste en plus pour un collège moyen). Les équipes en place ne seront donc pas menacées par la réforme. Elles vont y trouver des marges d’initiative et des responsabilités accrues dans un cadre suffisant pour garantir l’équité. Enfin, les enseignants ne seront plus considérés comme des exécutants mais comme des experts des apprentissages. Les EPI et l’accompagnement donnent des espaces plus larges pour mettre en œuvre des pratiques pédagogiques déjà bien initiées sur le terrain.

Nous ne pouvons nous arrêter là et nous déclarer satisfaits.

Cependant, les professeurs de lettres classiques et les professeurs d’allemand sont inquiets. Ils craignent que la disparition des classes bilangue et des options facultatives ne conduisent à la disparition de leurs enseignements. Ces professeurs ne sont pour rien dans la situation qui leur est faite. La réputation d’exigence de leurs disciplines qui les réserve dans l’esprit de nombreuses familles aux bons élèves n’est pas de leur fait. Et ils sont très nombreux, là où la compétition et la concurrence scolaire sont moins féroces à devoir batailler pour « attirer » les élèves. Ils ont d’ailleurs développé dans de très nombreux cas des pédagogies actives, construites autour d’un projet partagé, porteuses de réussite, ces pédagogies que la réforme veut promouvoir pour TOUS les élèves dans les EPI. Les dispositifs « sélectifs » ou « optionnels » – dont ils ne sont pas responsables mais dans lesquels ils enseignent – leur assurent une fréquentation par environ 10% des élèves. En même temps, ils les limitent à 10% des élèves… Une ouverture large des EPI à ces disciplines devrait compenser la baisse horaire du latin et la disparition des 6ème bilangue et les faire connaître concrètement de TOUS les élèves, le plus sûr moyen de lutter contre les représentations erronées. Par un glissement organisé entre les disciplines, il sera aisé de retrouver l’équivalent des horaires actuels, les personnels étant présents et les heures disponibles. Le latin et l’allemand pourront enfin sortir de leur périmètre limité pour attirer davantage d’élèves. Ainsi, l’ouverture expérimentale de la LV2 en 5ème dans les académies de Rennes et de Toulouse s’est déjà traduite par une légère augmentation des effectifs. La réforme pourrait au final être une chance, y compris pour ces deux disciplines.

La ministre doit tenir compte de cette réalité syndicale et des inquiétudes légitimes des enseignants.

Tout changement crée des incertitudes et des inquiétudes. Plusieurs organisations syndicales nourrissent ces inquiétudes par une campagne qui frise la désinformation. Pas surprenant de la part d’organisations en désaccord avec le projet sur le fond comme le SNALC qui défend un collège « modulaire » qui sépare les bons et les mauvais élèves dès la classe de cinquième. C’est un peu plus surprenant de la part du premier syndicat du second degré, le SNES-FSU, qui partage tous les principes de la réforme, comme l’a dit son co-secrétaire général-adjoint, R. Hubert, à la ministre lors du Conseil Supérieur de l’Education. Alors pourquoi un tel acharnement contre cette réforme ? Conviction ou stratégie d’appareil ? Il est vrai que le SNES a perdu plus de 5% aux dernières élections professionnelles et que les plus contestataires en son sein reprochent à la direction nationale  son soutien (très mesuré pourtant) à la refondation.

La ministre doit tenir compte de cette réalité syndicale et des inquiétudes légitimes des enseignants. Elle doit leur parler directement. Elle doit mobiliser toutes ses équipes pour accompagner le changement par une information claire dans un premier temps, mais surtout par une formation solide et suivie. La formation continue des enseignants vient d’être épinglée par la Cour des Comptes. La réforme du collège est l’occasion de la refonder: celle-ci doit s’adresser aux équipes dans chaque collège, non pas dans une démarche descendante mais dans un accompagnement et un soutien à la réflexion et à l’élaboration des nouveaux parcours de formation pour TOUS les élèves par les équipes elles-mêmes. Ces projets  devront associer tous les membres de la communauté éducative et s’appuyer sur les instances démocratiques des collèges, le conseil pédagogique et le conseil d’administration.

Cette réforme, le SE-Unsa la soutient car le collège qu’elle dessine est un collège enfin pensé pour TOUS les élèves et construit au quotidien par TOUS les personnels, reconnus, respectés et responsabilisés.

Claire Krepper, secrétaire nationale du secteur éducation, SE-Unsa

16 réponses à “Collège : enfin, on va arrêter de marcher sur la tête !

  1. « Il est urgent de réorienter l’action publique et l’argent public en faveur de ceux qui en ont le plus besoin » : je ne pense pas qu’il s’agisse d’une simple question d’orientation des dépenses mais, au contraire, d’une nécessaire réorganisation des enseignements. De biens jolis mots, un vocabulaire fort complexe, sont choisis afin d’expliciter les nouveaux programmes, alors que les fondamentaux (vous le dites très bien) ne sont pas acquis. Cela constitue une aberration.
    Avant toute chose, un retour à l’apprentissage des connaissances élémentaires (lecture – écriture – calcul) est impératif ; bien plus que tout ce qui est proposé actuellement, et ce dans l’agitation générale.
    Il est bien regrettable que ces simples préceptes soient si mal compris.
    Bien cordialement.

  2. « Un élève qui est scolarisé en classe bilangue dès la sixième, étudie le latin dès la cinquième, suit l’option européenne à partir de la quatrième reçoit 18 heures de plus d’enseignement hebdomadaire dans sa scolarité qu’un élève qui ne suit aucun de ces enseignements facultatifs. Cela représente plus d’une demi-année de collège en plus. » Et alors ? Ca veut dire que cet enfant est capable d’en faire plus : pourquoi l’en empêcher ?
    Ce qu’il faudrait, c’est que tout le monde ait droit à ces 18 heures supplémentaires, mais que leur nature – classe européenne, langues anciennes, mais aussi soutien, heures de français ou de maths en plus, … – soit différente selon les besoins (facilités/difficultés) !!! Alors que là, c’est le nivellement par le bas, et sur cet aspect là, cette réforme est mauvaise, et va entraîner une fuite des cerveaux vers le privé (en particulier à partir des collèges de ZEP qui accueillent actuellement des classes européennes, et qui vont être sacrifiés par cette réforme à la con) !

  3. Oui sauf que ces fameuses compétences fondamentales, surtout pour les élèves en difficulté, s’acquièrent mieux et plus efficacement dans le cadre de projets qui donnent du sens aux apprentissages. Et cela sans nuire aux élèves plus performants qui pourront aller plus loin et être aussi remotivés par ces moments différents.

  4. Nous croyons en l’éducabilité de tous les enfants, la réussite ne dépend pas seulement des capacités des élèves mais aussi et surtout de la capacité de notre système à être plus efficace pour les plus fragiles. Ce système injuste offre surtout pour le moment plus à ceux qui n’en ont pas besoin pour réussir et moins à ceux qui sont en risque de décrochage.

  5. Ah bon? Où sont les études qui le montrent?
    Et même si c’était vrai, avec cette organisation variable d’un collège à l’autre certains élèves renforceront les fondamentaux en mathématiques et français tandis que pour d’autres ce sera en Eps et svt. Où est l’égalité ?

  6. Bonjour, et merci pour cet éclairage.
    « Ainsi un collège moyen qui disposait de 8 heures recevra maintenant 48 heures pour organiser ces groupes ou co-animer certains enseignements. » : je ne comprends pas quel est votre calcul.
    Huit, je crois être d’accord même s’il me semble que vous laissez de côté les options actuelles (si vous les intégrez dans les 48?).
    Mais 48, décidément, je ne vois pas.
    Je vous remercierais grandement de m’éclairer, d’autant que le plus gros reproche que je ferais spontanément à cette réforme serait qu’elle ne donne pas les moyens pour les changements qu’elle propose.
    Merci d’avance.

  7. Dans le collège actuel, les moyens pour dédoubler les classes existent à raison d’une demi-heure en, svt, techno et français en 6ème. Ce qui représente 1h 30 de moyens profs en plus des heures élèves. Avec la réforme, chaque classe donne 3 heures profs en plus des heures des élèves. Ils ont 27 heures de cours mais le collège en reçoit 30. On peut donc dédoubler 3 heures dans la semaine. On peut aussi globaliser les heures et s’ en servir là où on pense que c’est plus utile. Si un collège a 16 classes, il aura 3×16= 48 heures pour faire des dédoublements ou coanimer des enseignements à 2 profs.

  8. Merci pour votre réponse.
    Mais ne conviendrait-il pas alors de comparer ces 48h calculées pour 16 classes à 16x1h30, non ? Ce qui ne saurait guère faire un facteur supérieur à 2, alors que vous mentionnez 6 dans votre article.

  9. Dans l’intervalle, j’ai compris votre calcul, et les 8h de marge obtenues pour la situation actuelle.
    N’avez vous pas dans votre texte mentionné les actuelles heures d’accompagnement éducatif et d’IDD qui sont utilisées pour travailler en effectifs réduits à l’heure actuelle ? dans ce cas pourquoi ne pas les avoir intégrées dans les heures actuelles ? (ce qui ferait 32h à l’actuel dans votre exemple, et un facteur.. de 1.5).
    Et côté réforme, il me semble qu’à la rentrée 2016, la marge ne sera que de 2h45 par classe (ce qui ferait 44h dans votre exemple toujours)(facteur 1.375 pour la 1ère année).

    Je peux entendre que vous soyez satisfaite de cette réforme, et vos arguments sont bien plus lisibles que les exercices de communication ministériels. Sur les chiffres que vous avancez, je suis bien loin d’être convaincue. En tous cas, merci d’avoir pris le temps de répondre et de m’expliquer votre calcul.

  10. Il y a beaucoup de choses avec lesquelles je suis d’accord dans cet article. Et je suis totalement pour les activités transversales et le travail par projets. Mais sur le point des sections européennes, je suis en désaccord complet.
    J’enseigne en REP+, je suis dans le même collège depuis plus de 20 ans. Tous nos élèves sont dans des catégories sociales défavorisées ou très défavorisées. Plus de 80% sont issus de l’immigration. Leurs résultats aux évaluations en primaire sont les plus faibles de l’académie. Je peux donc dire que tous mes élèves font partie de ces élèves fragiles que leurs parents n’ont pas les moyens culturels ou financiers de pousser vers de brillantes études.
    Nous avons une section Européenne dans notre établissement. Elle permet à des élèves motivés, intéressés par les langues, ayant envie de réussir, de faire plus d’Anglais que leurs camarades, et de travailler à un niveau que les élèves plus faibles et/ou refusant de travailler ne pourraient pas atteindre. Cela leur permet tout juste, dans une seule de leurs matières, de rattraper le niveau qu’atteignent facilement les élèves du collège de centre ville plus avantagés. Ils évitent donc, en Anglais, de se prendre une claque en arrivant au lycée dans une classe avec des élèves qui ont pu travailler à un niveau plus élevé au collège car eux étaient dans un milieu plus protégé, ne cumulant pas les handicaps sociaux et scolaires. La Section Euro est une façon pour eux de combler l’écart important qui les sépare des élèves plus fortunés. Parce que j’ai beau faire de mon mieux, mais quand je fais cours à mes classes « ordinaires », avec 80% d’élèves en retard scolaire, avec 4 ou 5 dyslexiques, avec 4 ou 5 rebelles de banlieue qui rejettent l’école et me font négocier rudement toute tentative d’apprentissage, avec une majorité écrasante d’élèves qui ne font jamais de devoirs et n’apprennent pas de leçons, et avec une grande partie d’élèves qui n’ont aucune confiance en eux et nécessitent des trésors de patience et d’encouragement pour les amener à essayer de progresser, eh bien, je ne vais pas très vite dans le programme…
    J’adore mon boulot et je ne me plains pas. Mais quand on me dit que les Sections Euros favorisent les petits privilégiés au dépend des élèves fragiles, je ne suis pas d’accord. Parce que dans mon collège, la Section Euro est l’unique chose qui permet à des élèves fragiles de grignoter l’écart qui les sépare des petits privilégiés, et si on leur supprime ça en le remplaçant par des cours dans lesquels ils seront comme tous les jours mélangés à ceux qui ne veulent pas travailler et à ceux qui ne peuvent pas avancer, on va juste leur retirer une bouée de sauvetage. Ca me met en colère rien que d’y penser.

  11. Nous sommes conscients de votre investissement et de celui de nombreux autres collègues dans un souci de plus d’équité. Ce n’est hélas pas le cas partout et l’objectif de la réforme est de mieux répartir les moyens pour que tous les élèves, partout, bénéficient de l’apprentissage d’une seconde langue plus tôt et de projets motivants donnant du sens aux contenus disciplinaires.

    Via les EPI et l’accompagnement vous pourrez continuer à œuvrer dans le même sens pour vos élèves et même y transférer tout ou partie de ce qui se faisait en section euro.

  12. Via les EPI je pourrai faire des tas de choses que je me réjouis d’expérimenter. Mais je ne pourrai pas offrir à mes élèves motivés et sérieux la possibilité d’étudier à haut niveau sans en être freiné par leurs camarades moins motivés. Seule une option facultative le leur permettait.

  13. On peut donc penser, si je vous entends bien, que c’est de loin la meilleure réforme du collège unique.
    Je ne suis pas enseignant du second degré, juste PE, directeur d’une petite école de 15 classes à qui la loi sur la refondation a imposée la réorganisation de la semaine scolaire. A l’heure de la carte scolaire, je m’aperçois qu’il n’y a pas de fuite vers l’école privée. Sauf que: la règle était 2/3 des enfants de la commune de 3 ans inscrits à l’école publique, 1/3 à l’école privée. Ce n’est plus vrai. Pour la rentrée prochaine c’est quasi moitié moitié.
    Et oui, la réforme pourrait être une bonne réforme mais pas adaptée aux rythmes des élèves, quoiqu’en disent les chronobiologistes. Elèves fatigués en maternelle, élèves plus disponibles pour les apprentissages en élémentaire.
    L’école sous contrat reste majoritairement à la semaine des 4 jours…
    L’Etat se positionne pour une Ecole égalitaire, accessible à tous.
    Quand est-il pour les école sous contrat qui continuent à faire ce qu’elles veulent. Ce qui est obligatoire pour l’Ecole de la Répubique ne l’est pas pour lécole sous contrat.
    Les parents d’élèves seront attirés par des options que seules les écoles sous contrat garderont le droit de proposer; le collège en fait partie.
    C’est à terme la mort de notre ECOLE.

    Bruno.

  14. La meilleure réforme ? Non bien entendu, elle n’est pas parfaite mais nous la soutenons parce qu’elle va dans le bon sens…
    Pour la réforme des rythmes scolaires le privé n’était pas obligé de l’appliquer et, vous le dites vous-même, il n’y a pas eu de fuite. Pour la réforme du collège, le privé sera soumis aux mêmes règles et obligations que le public, il n’y en aura donc très probablement pas non plus.

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