L’optimisme des pédagogies coopératives

Une équipe d’enseignants du collège Lucien Vadez de Calais (62) publie aux éditions ESF Sciences Humaines un ouvrage appelé à devenir rapidement un incontournable. Si « Osez les pédagogies coopératives au collège et au lycée  » est un livre de pédagogie pratique, il est bien plus que cela. En nous ouvrant les portes de leurs classes, Guillaume Caron, Laurent Fillion, Céline Scy et Yasmine Vasseur partagent également leurs valeurs et leur éthique.

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Travailler en réseau d’éducation prioritaire renforcé n’est jamais le fruit du hasard. C’est un choix délibéré, fait par des enseignants volontaires, pour lesquels il n’est pas question de se répandre en lamentations sur les échecs de l’École et leurs conséquences. On choisit d’enseigner dans ce type d’établissement parce qu’on sait que c’est une tâche difficile mais d’une utilité primordiale : c’est dans le creuset de ces établissements scolaires que se construit aussi la société de demain, quoi qu’on fasse. Quelle société voulons nous pour nos enfants ?
Face aux élèves en difficulté, qu’elles soient sociales, cognitives ou comportementales, l’enseignant ne peut pas tout. Mais il peut au moins faire en sorte que l’école soit davantage ce qu’elle devrait être pour tous : un lieu d’émancipation. Comme le dit Jean-Paul Delahaye dans la préface, il s’agit de préférer la solidarité et la coopération au chacun pour soi et à la compétition.

Dans un contexte marqué par la difficulté scolaire, dans un « quartier scolairement à risque », un climat scolaire marqué par l’agressivité, face à des taux d’absentéisme et de décrochage inquiétants, les auteurs ont choisi de ne pas baisser les bras. L’accumulation des dispositifs d’aide et de remédiation juxtaposés ayant montré leurs limites, c’est au niveau d’une équipe pédagogique qu’ils ont choisi d’agir et de « faire système » au sein du collège.

Ce livre est donc le fruit du parcours pédagogique d’une équipe pluridisciplinaire qui a, comme la plupart des enseignants, observé, expérimenté, et à « petits pas » a essayé de construire pour les élèves une scolarité qui les amène au meilleur d’eux-même.

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Ces enseignants ont cheminé en se plaçant dans les pas des pédagogues de l’ « Éducation nouvelle », née justement à Calais en 1921. En se plaçant « sur les épaules de géants » comme Célestin Freinet et Fernand Oury, on se s’engage pas seul sur la voie des classes coopératives !
Venu du primaire, le dispositif a gagné le collège et le lycée depuis une petite dizaine d’année et s’y épanouit fort bien.

On trouvera dans ce livre tout ce qu’il faut pour construire un projet à son échelle, à ses envies, à ses besoins avec les différents dispositifs : conseil coopératif, ceintures de compétences, plans de travail, semaines à thème, cahier de vie, marché des compétences, exposés libres, publications…
On pourra donc « oser » les uns ou les autres de ces dispositifs, sans injonction, sans obligations, sans contrainte. Ce n’est pas un livre de recettes. On ne trouvera là que des ingrédients.

Toutes les grandes thématiques de l’école aujourd’hui sont abordées de façon simple et pratique : l’évaluation, la personnalisation des apprentissages, les différentes formes de coopération, les institutions qui permettent le dialogue entre élèves, etc. Pour chaque thème les auteurs font le point sur leurs questionnements et les solutions utilisées, accompagné d’exemples concrets, de témoignages, de fiches pratiques, de synthèses de travaux de recherche. Une Foire Aux Question et une riche bibliographie viennent clore l’ouvrage. Sur le site des éditions ESF Sciences Humaines, on trouvera également une riche « boite à outil téléchargeable » qui complète bien l’ouvrage.

Après la lecture d’un tel ouvrage, on n’aura pas l’impression de prendre un risque en osant les pédagogies coopératives mais d’avoir trouvé une véritable porte d’entrée.

 

 

Une réponse à “L’optimisme des pédagogies coopératives

  1. Très belle initiative, mais un coup de pouce publique me semble plus que nécessaire pour influer un véritable changement.

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